Tant que l’accès au ministère de pasteur leur resta fermé, les femmes cherchèrent d’autres voies pour s’impliquer dans l’Église. Les soins aux pauvres et aux malades étaient principalement entre les mains des catholiques romains. Le pasteur Willem Hoek (à Bruxelles depuis 1891) rêvait de créer un hôpital protestant. Par l’intermédiaire du mensuel Protestantsche Kerkbode nouvellement fondé, il fît campagne pour une maison de diaconesses à partir de mars 1910. Lorsque Gabrielle Revelard est devenue la première femme à fonder une diaconie-hôpital protestant en Belgique en 1912, le rêve est devenu réalité. La Société des soins infirmiers chrétiens protestants était une fondation commune des trois confessions protestantes alors actives en Belgique : l’Union des églises protestantes évangéliques de Belgique, l’Eglise chrétienne missionnaire de Belgique et les Eglises réformées. L’hôpital était très fortement lié à ces églises protestantes de Bruxelles, tant sur le plan financier que sur le plan de l’engagement humain. Beaucoup de femmes protestantes de la classe moyenne ont saisi cette occasion pour mettre en pratique leur engagement social. Le mensuel Protestantsche Kerkbode indiquait alors le nombre de patients traités et d’opérations réalisées.
Gabrielle était une protestante francophone originaire de Gosselies. Elle avait suivi une formation de missionnaire et de diaconesse en Irlande et à Strasbourg, puis avait étudié les soins infirmiers en Suisse et effectué des stages dans certains hôpitaux bruxellois.
A cette époque, avec les élèves de l’école d’infirmières d’Edith Cavell (protestante), les aspirantes infirmières prodiguent des soins à domicile aux familles les plus démunies du quartier des Marolles à Bruxelles. Gabrielle choisit de vivre à Bruxelles près de l’Église chrétienne missionnaire de Belgique.
Pendant la Première Guerre mondiale, elle aida de nombreux prisonniers allemands hospitalisés ; sa connaissance de l’allemand étant un atout. Elle évangélisait partout où elle le pouvait et tenta de convertir ces soldats à « sa » foi. Elle fût félicitée plus tard pour avoir créé un centre pour les grands brûlés en 1914. Elle aida également la Croix-Rouge à former des secouristes.
Faute de moyens, la maison des diaconesses dut fermer ses portes en 1918. Mais Gabrielle ne s’arrêta pas là : elle fonda un département médico-éducatif pour la maison YWCA (Young Womens Christian Association) de Charleroi, une maison de repos pour infirmières à Waterloo et ouvre l’école provinciale d’infirmières à Tournai en 1935. Elle y dirigea également l’hôpital « La Dorcas ».
Pendant la Seconde Guerre mondiale, en tant que directrice de la Croix-Rouge, elle apporta son aide là partout où elle le pouvait, risquant régulièrement sa vie.
Les archives de la Croix-Rouge montrent qu’en 1967, elle fût la seule Belge à recevoir la médaille Florence Nightingale des mains du Prince Albert, en reconnaissance de ses 40 années de dévouement à ses semblables et de ses performances exceptionnelles dans les moments difficiles !
En 1933, Gabrielle Revelard publia le livre « Le secret de l’infirmière : comprendre, aimer, servir », qui lui donne les bases pour être une bonne infirmière.
Josiane Tytens in Kerbrief, Gand-centre
Image : ideogram AI